Thomas Doe
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Tout commence dans mon petit village dans les chaines montagneuses de l’Ouest Cameroun alors que je faisais l’école primaire. Alors que j’aimais parcourir mon livre de français (mon live unique de français) et ses récits qui me faisaient rêver, je devais me contenter uniquement de ce livre car mon école ne disposait pas de bibliothèque. J’étais loin d’imaginer l’existence d’une telle infrastructure, et même du fait que chaque école devrait en avoir un. Alors je lisais et relisais les mêmes histoires tous les jours.
Quand j’entre au Secondaire, mon collège n’a toujours pas de bibliothèque, il fallait se contenter des ouvrages au programme. Aussi fallait-il avoir les moyens pour s’en procurer. Quand j’arrive au Supérieure, notamment à L’institut des beaux-arts de l’Université de Douala à Nkongsamba, mon institution ne dispose pas de bibliothèque. Ces facteurs externes ont constitué des obstacles à la lecture et à notre amour pour la lecture.
L’intérêt consacré à la lecture jeunesse est faible et sa reconnaissance en tant que champ autonome est récente au Cameroun[1]. Il existe plusieurs auteurs et éditeurs de livre de jeunesse au Cameroun, qui produisent des ouvrages exceptionnels, contextualisés, puisés de notre richesse culturelle et qui peuvent orienter et développer la pensée de la jeunesse camerounaise. Ces auteurs et éditeurs, ainsi que leurs ouvrages restent cependant méconnus par leur principale cible : la jeunesse. Quelles stratégies mettre sur pied afin d’assurer à ces auteurs une meilleure visibilité ?
L’un des plus grands défis des institutions culturelles actuelles est de conquérir et de fidéliser le public jeune en leur sein. Les centres de documentation se doivent d’être plus dynamique, d’aller au-devant du public, solliciter son intérêt, l’attirer, le fidéliser et développer à son intention des outils et activités pour comprendre l’importance non seulement des livres de jeunesses, mais aussi la fait qu’ils soient une source de réponse à ses questionnements identitaires, à des interrogations qu’il pourrait avoir sur sa vie.
Christian Elongué dans un de ses articles soulignait le fait que les plus grands auteurs de livre de jeunesse ne sont pas valorisés au Cameroun, la conséquence, ils vivent et travaillent dans les pays étrangers où ils sont légitimés et peuvent faire connaitre et valoir leurs talents[2]. La culture camerounaise est ainsi mieux valorisée à l’extérieure que sur le triangle national.
Il est important que les pouvoirs publics prennent les choses en main, afin de faire profiter à la jeunesse camerounaise cette richesse littéraire et culturelle. Il s’agit de mettre sur pied des plateformes nationales d’expressions des auteurs de livre de jeunesse, des rencontres littéraires, des résidences littéraires, des prix littéraires pour les auteurs camerounais de livre jeunesse. Le ministère de l’Art et de la Culture organise chaque année un salon international du livre. Ce dernier reste insuffisant et le fait qu’il soit centré à Yaoundé ne favorise pas l’accès à tous les auteurs du pays. Il est nécessaire de décentraliser ce salon au niveau des régions.
Les pouvoirs publics doivent mettre sur pied une politique de régulation du secteur de production et de promotion des livres jeunesses et de valorisation des ouvrages et de ses auteurs. La création d’espaces de diffusion pour ces livres est nécessaire, des espaces ludiques, de loisirs, pour les jeunes.
L’insertion dans les programmes d’enseignement primaires et secondaires des livres jeunesses est un bon moyen pour assurer de la visibilité et valoriser les ouvrages des livres de jeunesse ainsi que leurs auteurs. Exiger pour les écoles la présence d’une bibliothèque aussi petite soit-elle, afin de permettre aux enfants de se familiariser avec cet espace indispensable pour le développement de leur pensée. Comment un enfant peut-il avoir le goût de la lecture s’il ne voit pas les livres autour de lui.
Les foires, les salons dédiés aux livres sont des instances de légitimation des auteurs. Ce sont des lieux de rencontre, de partage d’expérience pour les écrivains. Il en existe très peu au Cameroun, ils permettraient pourtant aux écrivains de se faire connaitre, de faire valoir leur talent également. Ils devraient être fréquent, des initiatives du gouvernement, des acteurs culturels. Par ailleurs, les auteurs de livre jeunesse devrait se regrouper en association, prendre des initiatives, et faire valoir leur savoir-faire.
Il s’agit pour les enseignants de développer l’habitude chez l’enfant et de lui faire aimer la lecture. De faire que la lecture, le livre ne soit pas pour les enfants une chose étrangère. Les enseignants auront une double responsabilité, celle d’habituer les enfants à lire et celle de sensibiliser les parents au fait que la lecture devrait être au centre de la vie de l’enfant.
En classe, les enseignants doivent prendre le temps de lire les ouvrages avec les enfants, de mettre sur pied des astuces pour leur permettre d’aimer d’avantage ces moment-là. Des activités extrascolaires sont aussi nécessaires à cet effet : des ateliers de lecture, d’art oratoire, des concours de dictée et d’orthographe, des adaptations d’ouvrages en théâtres, en sketch, en comédie musicale…
Pour ce qui est des parents, ils devront leur donner des orientations, des astuces pour continuer le travail qu’ils font déjà à l’école.
Si les parents sont sensibilisés sur l’importance, la place qu’occupe la lecture dans la vie d’un enfant, alors le défis de faire aimer la lecture aux jeunes sera gagné d’avance. Les jeunes d’aujourd’hui sont les responsables de demain et de futurs parents. On dit couramment dans la culture africaine que c’est la maman qui assure la transmission intergénérationnelle des bonnes pratiques, des pratiques culturelles, du savoir-être aux enfants. C’est dire que le parent est le premier promoteur des livres jeunesse auprès des jeunes. Alors, comment procéder pour sensibiliser ces derniers à la l’importance de la lecture ?
A travers les réunions des parents d’élèves dans les établissements scolaires, à travers les activités extras scolaires qui demandent que les enfants soient accompagnés par leur parents. Les parents devraient avoir de mini bibliothèque dans leur maison, ils devraient également lire des histoires aux enfants, organiser des séances de lecture en famille autour du feu, allez en famille dans une bibliothèque les weekends…
En définitive, la médiation autour des livres de jeunesse au Cameroun est nécessaire et concerne toutes les couches sociales. Tout commencera par une éducation à la lecture, à une culture des bibliothèques aux jeunes. C’est une responsabilité pour le gouvernement, les écrivains et les éditeurs, les enseignants, les parents et bien plus encore.
Lire permet de créer les liens sociaux, le livre et un patrimoine et un vecteur de patrimoine, nous devons nous servir de lui pour préserver notre héritage. La fracture sociale ne doit pas être un frein à la lecture ou bien à l’accès aux livres au Cameroun. Le gouvernement devrait mettre en place des politiques, des outils afin de faciliter et favoriser l’accès à tous à la connaissance.
Il existe plusieurs outils autour de nous, qui nous permettent de lire même sans nous en rendre compte : des smart phones ; des tablettes, des ordinateurs… Les établissements, les bibliothèques scolaires devraient trouver un moyen de s’en servir au lieux de les proscrire totalement en leur sein. Car ils favorisent la mémorisation, développent la création et apportent les informations. Ce qui se fait aujourd’hui peut être exploiter autrement pour mettre en avant la lecture, des jeux, des applications… Des solutions sont à portée de main, à nous de nous en servir.
Par: Myriam CHIEMGNE,promotrice culturelle.
[1] Christian Elongue, Comment accroitre la visibilité des éditeurs africains aux évènements littéraires internationaux sur le livre jeunesse, in Muna Kalati, Mars 219. URL : https://www.munakalati.org/2019/03/26/comment-accroitre-la-visibilité-des-éditeurs-africains-aux-évènements-littéraires-internationaux-sur-le-livre-jeunesse.
[2] Idem